Myriam Bessibes, Chargée de Programmes et Fundraising chez Max Havelaar France, s’est rendue en République dominicaine en décembre 2024 pour le lancement de la phase 2 du programme « Organisations de producteurs de bananes durables et équitables » (OBS).

Cet atelier de lancement a permis de partager les objectifs, résultats attendus et activités du programme : le programme tente de garantir que les producteurs et productrices de bananes, membres de 10 organisations de producteurs en République dominicaine et au Pérou, atteignent un niveau de revenu considéré comme "vital" au sens du Fairtrade, notamment en améliorant la santé et la productivité des parcelles de banane bio, la résilience de ces parcelles au changement climatique et la capacité des organisations de producteurs à faire face aux exigences du marché, de plus en plus tournées vers la durabilité des exploitations, tout en exigeant le paiement d'un revenu vital en retour, notamment via des actions de plaidoyer fortes.

Il a également permis de mettre en lumière les parties prenantes à associer au programme (Ministères de l’agriculture, de la femme, de la jeunesse, du travail, Institut des ressources hydrauliques, Adobanano[1], Assurance agricole, autorités locales, …) ainsi que les risques potentiels pouvant entraver la bonne réussite du programme (changement climatique, manque de temps des producteurs, perte de certifications des organisations de producteurs, manque de ressources économiques des bénéficiaires,  …).

Identification des défis actuels des coopératives

Des focus group et entretiens individuels, menés avec les bénéficiaires du programme, ont permis d’identifier les défis actuels des organisations de producteurs dominicaines de bananes impliquées dans OBS2 :

• Le changement climatique, à l’origine d’inondations et vents violents par exemple, entraîne des pertes de récoltes fréquentes.

• Les réclamations de qualité sur les bananes reçues en Europe sont nombreuses et génèrent d’importants défauts de paiement envers les organisations de producteurs.

• La main d’œuvre des OP est principalement haïtienne. Or des vagues d’exportation massive d’immigrés haïtiens sont orchestrées par le gouvernement dominicain, ce qui complexifie l’embauche de travailleurs pour les organisations de producteurs

• Un renforcement de la législation européenne sur l’agriculture biologique en début d’année 2025 accroît les coûts de production (audits et analyses de la qualité de la production plus fréquents).

Ces défis génèrent une importante vulnérabilité des organisations de producteurs qui, pour éviter de disparaître, s’impliquent le plus possible dans la diversification de leurs activités : œufs, miel, noix de coco, cacao, farine, chips de banane…

C’est d’ailleurs également le cas d’organisations de producteurs péruviennes de bananes équitables, qui se sont rendus au siège de Max Havelaar France à Nanterre début février 2025, pour nous présenter leurs nouveaux produits : banane déshydratée, chips de bananes et purée de bananes.

Le programme OBS2 en réponse au défi climatique

Le programme OBS2 tente de répondre au défi du changement climatique à travers le soutien des agriculteurs à l’adaptation au changement climatique. Il  permettra également aux organisations de producteurs de répondre aux exigences légales et du marché en termes de respect des droits humains des producteurs et de leurs salariés (notamment la main d'œuvre immigrée), en formant les décisionnaires des organisations de producteurs et les agriculteurs, aux enjeux du devoir de vigilance en matière de Droits Humains et de l’Environnement (HREDD), exigé par les législations de l’Union européenne, et donc indirectement par les entreprises européennes. Plus généralement, OBS2 vise à réduire la vulnérabilité des organisations de producteurs, dans la mesure où son objectif consiste à contribuer à l’atteinte d’un revenu vital pour les producteurs et productrices  des coopératives, et où ses résultats visent l’augmentation durable de la productivité, la réponse aux demandes du marché européen et le renforcement des capacités de plaidoyer.

Comme l’ont mentionné des bénéficiaires d’OBS2 lors du lancement de la phase 2 du programme :

• « le commerce équitable est né pour aider les petits producteurs. »
• « le commerce équitable apporte beaucoup de soutien à travers ses programmes. »

Ainsi, l’achat d’un produit certifié Fairtrade va au-delà de garantir un prix minimum au producteur. Il permet de répondre aux nombreux défis du producteur et de l’accompagner pour qu’il puisse toujours retirer un bénéfice certain au sein des chaînes de valeur agricoles mondialisées.

RESSOURCES 

• [1] Adobanano est une association qui regroupe les producteurs de bananes de République dominicaine